Écouter Entre nous par Jill Barber
Jill Barber
Entre nous
Album - Variété française, Musique, Jazz
L’artiste canadienne Jill Barber est une francophile avouée. Après la parution de « Chansons » (2013), qui regroupait une douzaine de reprises de pièces écrites dans la langue de Molière, voici qu’elle nous offre un premier recueil d’œuvres originales en français. « Je dois dire que je n’aurais pas pu le faire sans la collaboration de Maia Davies, une francophone de Montréal », précise l’autrice-compositrice-interprète à Apple Music. « On a collaboré sur mon album précédent, Metaphora (2018), et c’est là que j’ai découvert qu’elle travaille aussi en français. C’est durant ces séances d’enregistrement qu’on a écrit la chanson “Entre nous”. Ç’a été un exercice fantastique, parce que j’ai découvert que je peux dire en français des choses que je n’oserais jamais dire en anglais! »
Jill Barber, qui s’est d’abord fait connaître par trois parutions à saveur folk pop, a commencé à chanter en français avec la traduction d’une pièce de son opus For All Time (meilleur album de l’année aux East Coast Music Awards de 2007), « All My Dreams » devenant en concert « Tous mes rêves ». Par la suite, c’est son côté jazz qui a pris le dessus sur Chances et Mischievous Moon, avant qu’elle choisisse de laisser toute la place à sa francophilie sur Chansons.
« C’est le deuxième album sur lequel je travaille avec Gus Van Go. Je l’aime bien parce qu’il est très créatif et il aime travailler en équipe », poursuit-elle. On s’amuse comme des enfants dans le studio. Je pense vraiment que sur le plan sonore, c’est mon album le plus intéressant jusqu’à maintenant, et j’en suis fière. » L’artiste passe ici en revue chaque morceau de ce nouvel opus en français.
Entre nous « C’est la toute première pièce originale en français que j’ai écrite, et c’est vraiment le point de départ de l’album, alors elle méritait d’en être la pièce titre. C’est une chanson d’amour intime, sexy, entre deux amoureux qui sont ensemble depuis longtemps. C’est un hommage à l’intimité qui se développe à long terme entre deux personnes, une pièce qu’elles pourraient écouter tranquillement, en savourant un cocktail. »
Chat domestique « C’est l’exemple parfait d’un texte que je serais incapable de chanter en anglais! “Je suis un chat domestique, mais sous ma fourrure, je suis une tigresse...” C’est amusant et libérateur de pouvoir chanter cette dichotomie entre le chat domestique, qui correspond bien à l’épouse et à la mère que je suis, et le chat sauvage qui dort en moi et se réveille à l’occasion. »
Joue avec le feu « Ha... les relations dangereuses, quand on sait qu’il y a quelque chose de risqué, d’un peu bizarre chez quelqu’un, mais que la passion nous pousse néanmoins vers cette personne… Il faut savoir mesurer la chaleur qu’on peut supporter! »
Le monde est beau « C’est vraiment une chanson légère, qui veut mettre un peu d’espoir dans nos vies, et on en a bien besoin par les temps qui courent. Ce que je voulais dire, c’est simplement que lorsqu’il y a de l’amour, le monde est beau. Ça change la perspective, on voit les mêmes choses d’une façon complètement différente, on remarque la beauté partout. »
Les étés de Montréal [feat. Yann Perreau] « C’est un hommage à une ville que j’adore, et qui m’a séduite, alors je lui ai écrit une chanson d’amour. C’est basé sur certaines expériences qui me sont arrivées, quelques soirées mémorables, résumées par une carte postale. J’avais envie d’avoir un duo entre une anglo et un franco, et puis j’ai voulu la traduire en inversant les rôles, avec Yann qui chante à son tour dans une autre langue, l’anglais. Dans chacune des versions, un de nous deux se retrouve dans un rôle plus vulnérable. Je sais que Yann était assez nerveux de chanter en anglais. Ça donne vraiment un duo canadien, qui met en scène les deux solitudes. »
Comme les fleurs « C’est une des deux pièces pour lesquelles on a travaillé, Maia et moi, avec Randy Bachman (The Guess Who, Bachman-Turner Overdrive). C’était une suggestion de Maia, et je trouvais ça un peu étrange de collaborer avec monsieur “Takin’ Care of Business” (rires), mais c’est bien sûr un grand auteur-compositeur. Il savait qu’on était inspirées par la pop française des années 60, et il est arrivé avec huit propositions différentes, sans participer aux paroles. La chanson parle du fait que tout ce qui nous entoure est temporaire; la vie, l’amour, tout est éphémère, et on doit profiter de chaque moment quand il passe. »
La pluie « Je l’ai écrite durant une de ces journées de pluie qu’on connaît à Vancouver, un jour gris qui accompagnait parfaitement mon humeur morose du moment. Dans la chanson, je me demande quand cessera la pluie et quand je commencerai à me sentir mieux. Cette pièce prend tout son sens durant cette période difficile [qu’est la pandémie]. »
Reflets « C’est l’autre composition de Randy Bachman. Je trouvais que ça sonnait un peu comme une musique baroque, et ça nous a inspiré un texte très évocateur, comme un petit film dans lequel on voit une femme se regardant dans le miroir. D’abord, c’est une jeune fille qui regarde sa mère fixant son reflet, puis c’est elle-même qui se regarde en tant que femme et, enfin, elle est la femme mature que regarde sa fille. Ce sont des réflexions sur le regard que les femmes portent sur elles-mêmes. »
Suzanne « C’est la seule pièce de l’album qui n’est pas originale, puisque, bien sûr, elle est de Leonard Cohen. Je suis une grande fan de son travail et il était aussi un artiste anglophone, comme moi. Quand je suis tombée sur cette vieille traduction de sa chanson “Suzanne”, sur un disque de Françoise Hardy, je l’ai trouvée si poétique! Et j’aime l’idée que les anglophones qui me suivent vont tout de suite la reconnaître, mais qu’ils découvriront cette extraordinaire version du texte en français. C’est une splendide chanson dans une langue comme dans l’autre. »
Nos retrouvailles « C’est une pièce sur ma relation avec mes proches, ma famille, et sur le fait que je dois souvent m’éloigner d’eux pour assouvir mon autre passion, la musique. C’est une célébration de ce moment magnifique lorsqu’on peut enfin se toucher après des jours ou des semaines sans avoir pu le faire. Évidemment, j’y pense un peu moins maintenant, alors qu’on est en confinement ensemble depuis des semaines. »
Cœur de ma jeunesse « C’est une conversation entre la jeune personne que j’étais et celle que je suis maintenant. J’ai eu 40 ans cette année. C’est le genre de jalon qui fait réfléchir; on pense à l’avenir, à la carrière, puis on repense au passé et aux choix qu’on a faits, ou qu’on aurait pu faire... »

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