Lola Brooke
Dennis Daughter
Album - Hip-hop/Rap, Musique, Hip-hop/Rap
Il y a une longue tradition, dans les communautés noires américaines, de s’identifier plus particulièrement à un de ses parents durant l’enfance, et c’est ce que la MC de Brooklyn Lola Brooke perpétue avec allégresse sur son très attendu premier album. « L’idée derrière Dennis Daughter est très simple : c’est des souvenirs d’enfance », a-t-elle confié à Apple Music. « Je passais souvent du temps avec mon papa. Il venait me chercher à l’école. J’avais un chien qui s’appelait Frankie et on le promenait ensemble et les gens qu’on croisait me disaient “Hey, Dennis’ Daughter” ou “Hey, D-Daughter”. Alors j’ai choisi d’intituler l’album Dennis Daughter pour pouvoir revivre ce moment pour toujours, car je ne le vivrai plus vu que mon père n’est plus avec nous. » Le Dennis en question s’est éteint en 2015, ce qui veut dire qu’il n’a jamais connu la gloire imminente de la jeune Lola – Shyniece Thomas de son vrai nom – et n’a pas vu comment elle a pris New York d’assaut avec son populaire simple « Don’t Play With It » en 2021. Qu’à cela ne tienne, l’héritage de son père est au cœur de Dennis Daughter et l’artiste veut que le monde entier sache qu’elle ne serait pas qui elle est sans lui. « En gros, je suis toujours en deuil de mon papa; ça prend du temps, mais au moins la musique m’aide », a-t-elle dit. « Ce que je veux, c’est que quand les gens me regardent, ils voient encore mon papa. » Elle nous propose ici de faire connaissance avec Dennis Daughter pièce par pièce. Intro (2023 Flow) « Je fais des freestyles pour mes fans depuis 2017. Le flow est important pour moi, comme le lyrisme et l’élocution. Bref, c’est un petit cadeau pour mes fans; je leur offre un flow différent pour une nouvelle année. Je leur raconte mon histoire et qui je suis. » I AM LOLA « Le message de cette pièce est très simple : “Je suis Lola l’artiste et voici pourquoi je suis ici.” Tout ça n’est pas arrivé par accident, j’ai travaillé fort pour me rendre ici et je propose aux gens qui m’écoutent de me suivre dans certains des endroits d’où je viens pour qu’ils comprennent qui je suis aujourd’hui. La pauvreté, tirer le diable par la queue, la discipline, les problèmes familiaux et de communication : j’ai surmonté plein de trucs comme ça. La vie est dure là d’où je viens, à Brooklyn. » Don’t Get Me Started (feat. Coi Leray & Nija) « Je viens de New York, mais une fois que t’as traversé le tunnel Holland, t’es au New Jersey, vite comme ça. J’avais envie d’aller dans cet État juste à côté de New York pour collaborer avec des jeunes rappeuses là-bas. Je savais aussi que ça passerait bien à la caméra, trois petites femmes dynamiques et pleines d’énergie. Le style musical, c’est du Jersey club; qui n’aime pas ça? » Best Side « Reefa Music, mon producteur, sait que j’adore DMX et je l’agace tout le temps avec ça. Il m’a fait ce beat et je suis devenue complètement folle. Tout ce que j’avais besoin de savoir, c’est que j’avais l’énergie de DMX dans l’échantillon, et j’ai donné tout ce que j’avais. Bref, sur “Best Side”, j’explique que j’ai bûché pour arriver à ce moment et vous pouvez être certain·es que quand les projecteurs s’allument, c’est toujours mon meilleur côté que vous allez voir. » Pit Stop (feat. French Montana) « French est comme de la famille pour moi. Ça change pas le fait que ça me touche beaucoup que les OG m’acceptent à bras ouverts : ça veut dire qu’ils voient la même chose que mes fans. Quand t’es une artiste qui grandit à New York, t’as des gros souliers à remplir. T’as la responsabilité de porter la couronne et c’est loin d’être facile, parce qu’il y a beaucoup d’autres vedettes, de légendes et d’OG. T’as pas le choix de te démarquer. » It’s Me Again « J’ai toujours adoré les beats qui viennent de Detroit. “Don’t Play With It” a ce son de Detroit. Je vois “Don’t Play With It” comme un premier avertissement aux gens de pas me niaiser, et “It’s Me Again” est le deuxième avertissement. J’ai travaillé avec Helluva pour l’enregistrer et j’étais super motivée à l’idée de collaborer avec un producteur de Detroit. Je suis comme “je suis de retour et je suis complètement folle encore une fois”. » You (feat. Bryson Tiller) « Je sais que je donne l’impression d’être plutôt agressive, mais j’adore m’entourer de gens affectueux. J’aime être en famille et sentir l’énergie de l’amour. Je voulais lancer un peu de ça dans l’univers parce que les temps sont durs et y a plein de couples en difficulté. J’ai eu envie de leur dire que s’il y a plus de pour que de contre, faut continuer d’essayer. L’échantillon qu’on a utilisé, c’est Foxy Brown et Blackstreet. On me compare tout le temps à Foxy et Kim, alors c’est une sorte d’hommage, mais fallait quand même le faire comme il faut. J’ai demandé à Bryson Tiller de faire un “feature” parce que je le trouve super vrai et authentique. Bryson est toujours sur la coche. » Vacant Heart « Ma vulnérabilité est une des plus grosses raisons qui expliquent pourquoi je suis devenue une artiste. J’ai pas de difficulté à être en contact avec ça parce que j’étais vulnérable bien avant de commencer à rapper. J’écrivais tout le temps tout ce que je ressentais dans mon journal intime, j’avais besoin de m’exprimer. Sur “Vacant Heart”, je me vide le cœur et je montre aux gens que je suis encore humaine. Je vis peut-être la même chose que vous, c’est juste que je l’extériorise différemment. » Dear Dennis « On avait presque fini le projet, mais j’avais l’impression qu’il manquait quelque chose, qu’il y avait des émotions que je m’étais pas permises. Il fallait que mon père fasse partie de ce projet parce que je suis encore en deuil. La musique m’aide dans ce processus et c’est à travers elle que je garde mon lien avec lui. C’est vrai que je suis gênée de raconter mon histoire, des fois, mais je passe par-dessus et je vais de l’avant. J’avais besoin de lui parler publiquement et peut-être que ça va encourager d’autres gens à parler à leurs proches qui ne sont plus là pour garder une connexion avec eux. Ça aide vraiment de leur parler tout haut. » Shelter Baby (Be That Bitch) « Je suis un “bébé de refuge” et tout ce que je voyais quand je passais devant, c’était des “vibes” négatives. Ma maman travaillait au refuge et elle a gravi les échelons dans la sécurité, les activités récréatives, l’aide résidentielle et elle a fini superviseure. Après, elle m’a trouvé une job au refuge. Je me suis retrouvée à travailler là en même temps que je commençais à faire de la musique. Je rentrais tard à la maison après le studio, et une fois ma mère m’a dit : “Shyniece, je vois bien ta passion, et c’est pas ce 9 à 5. Je te conseille de démissionner et de poursuivre ton rêve. C’est correct.” C’est ce que j’ai fait, et si je voulais retourner travailler au refuge aujourd’hui, je pourrais. Alors “Shelter Baby” est ma façon de célébrer ça et de dire à ma mère : “On l’a fait, Ma, on y est arrivées!” » God Bless All The Rappers « Ça, c’est comme un cri de ralliement pour les artistes qui gagnent leur vie avec leur passion pour leur art et qui se font souvent juger par les autres. C’est comme si nos vies valaient moins que la musique qu’on sort, alors il fallait que j’en parle, parce qu’en tant qu’artiste, je le ressens aussi et je peux pas juste ignorer ce qui se passe dans ma communauté. » Don’t Play With It (feat. Latto & Yung Miami) « C’est avec “Don’t Play With It” que tout a commencé pour moi. Ç’a changé ma vie et je vois plein de choses différemment, maintenant : la vie, les affaires, tout ça. Comme je dis tout le temps, “sois tout le temps prête si tu veux pas perdre de temps à te préparer”, alors j’ai plus le choix, je peux pas laisser tomber mes fans ni mon équipe. On a travaillé tellement fort pour arriver là où on est, je dois donner un bon show. Il faut que ce soit moi qui leur raconte l’histoire. »
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