Voici un enregistrement plein de vie et de caractère de la suite orientale bien connue de Rimski-Korsakov. Cette excellente interprétation de l’Orchestre de l’Académie nationale Sainte-Cécile, dirigée par Antonio Pappano, captive dès le début par les cuivres violents représentant le sultan vengeur, qui contrastent judicieusement avec l’envoûtant solo de violon incarnant sa nouvelle épouse, Shéhérazade elle-même. Qu’il s’agisse d’interpréter les amants ardents dans « Le jeune prince et la jeune princesse » ou le « Naufrage » du dernier mouvement, Pappano et son orchestre offrent une lecture palpitante qui met en évidence la raison pour laquelle la fin de l’œuvre illustre une si douce réconciliation entre le sultan et sa fiancée. Mais le plus inhabituel reste le couplage de pas moins de deux versions « originales » de la Nuit sur le mont Chauve de Moussorgski — toutes deux différentes de l’arrangement posthume de Rimski-Korsakov, plus souvent interprété. La version de 1867, avec son début fortissimo et son style turbulent et imprévisible, est suivie par la version de 1880, encore plus étrange, qui fait intervenir un chœur complet, un chœur d’enfants et une contrebasse soliste. Ces deux versions ont déjà été enregistrées par le légendaire Claudio Abbado, mais Pappano a l’avantage d’avoir des chœurs mieux préparés et plus confiants, ainsi qu’un son plus proche et plus fouillé qui révèle davantage l’orchestration riche et détaillée de Moussorgski.