Depuis ses débuts à Dundas, en Ontario, à la fin des années 2000, The Dirty Nil n’a jamais dévié de sa trajectoire. Le groupe offre toujours un concentré irrésistible de rock’n’roll : bruit grunge, énergie punk et refrains accrocheurs power pop, le tout dans un même souffle. Mais « Rock N’ Roll Band », moment fort de leur cinquième album The Lash aux accents à la Weezer, tient moins de l’ode à leur carrière que de l’avertissement. On y découvre les revers d’une vie passée à sillonner le continent dans une vieille fourgonnette pour des cachets dérisoires, pendant que « all your loved ones are worried sick » [librement : tous vos proches s’inquiètent à mort] et que « someone else is getting rich, not you » [librement : c’est quelqu’un d’autre qui s’enrichit à votre place]. Ce regard lucide imprègne tout The Lash. L’album est généreux en ce qui a trait aux riffs saturés et aux refrains qu’on peut crier à tue-tête. C’est d’ailleurs le cas du morceau explosif « Do You Want Me? ». Mais Luke Bentham adopte ici un ton plus posé. Fini l’attitude bravache : il livre avec « Fail in Time » et « Spider Dream » deux pièces empreintes d’une réelle mélancolie. Sa voix a rarement paru aussi vulnérable que sur « This Is Me Warning Ya ». Une ballade envoûtante qui se trouve vers la moitié de l’album et qui met de côté la fougue du trio pour laisser place à quelques lignes de guitare minimalistes et des cordes menaçantes.