Riffs hypnotiques, voix tantôt éthérées, tantôt menaçantes et expérimentations sonores : voilà les trois ingrédients qui rendent Deftones instantanément reconnaissable. Depuis la parution de son premier effort, Adrenaline, en 1995, le groupe intègre ces éléments dans toutes ses chansons sans exception. N’allez pas croire que la musique de Chino Moreno, Abe Cunningham, Stephen Carpenter, Frank Delgado et feu Chi Cheng ennuie pour autant. Bien au contraire.
Le band (fondé en 1988 à Sacramento) déjoue déjà les attentes avec Around the Fur (1997) en s’éloignant du style nu-métal qui l’a d’abord fait connaître. D’intrigantes nappes de son s’invitent au détour des couplets murmurés ou hurlés par l’agile Moreno. Sans surprise, les ambiances obsédantes de Deftones ameutent un nombre toujours grandissant de fans. Quand l’incontournable White Pony sort en 2000, la barre est haute. Mais l’album fait mouche en enchaînant les moments forts et les acrobaties stylistiques, du beat décalé de « Rx Queen » aux guitares shoegaze de « Pink Maggit », sans parler de la fantomatique « Change (In the House of Flies) ».
Mû par un sentiment d’urgence, le quintette devenu quatuor redouble d’audace après la mort tragique de son bassiste, Cheng, en 2013. On sentait déjà sur Koi No Yokan (2012) son désir de s’aventurer encore plus loin des sentiers battus, mais c’est avec le succès critique Ohms (2020) que le groupe semble accomplir sa vision. Grâce à la fougue de Deftones, le rock alternatif a rarement autant captivé.