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Clover Hope : matriarches
Playlist - 33 Songs
« Il existe un groupe de femmes qui se font appeler les matriarches du hip-hop - vous ne risquez pas de l’apprendre dans les livres d’histoire. Des MC trop souvent oubliées comme MC Sha-Rock, Debbie D, Wanda Dee, et Lisa Lee comptaient parmi les pionnières du genre, avant même qu’il existe des « artistes de rap », ou même du rap tout court, et bien avant que le hip-hop n’évolue vers la pop. C’étaient des ingénieures de la culture, dont leur originalité débordait bien avant l’arrivée du genre sur les disques physiques, et dont leur musique existait seulement de manière très volatile. Elles racontent leurs propres histoires pour perpétuer leurs héritages. Mais il en va de même pour l’œuvre de la matriarche, une créatrice de vie qui n’est souvent pas appréciée à sa juste valeur. La source et le fondement de la libération. Une constante dans tous les foyers Noirs. En musique, ce sont les pionnières, les lanceuses de tendances, et les piliers de genres tout entiers. Combien ont essayé d’imiter l’éclat si singulier de Diana Ross, le futurisme sans concession de Missy Elliott, ou encore la douceur de Sade ? Il y a Etta James, un refuge sans égal pour les âmes en ébullition ; Big Freedia, tumultueuse porte-parole de la scène bounce de la Nouvelle-Orléans ; et Jackie Shane, une chanteuse trans, force tranquille des années 60 qui a un jour affirmé que « La plupart des gens sont installés sur les terres de quelqu’un d’autre, et en sont donc la copie conforme. ». Les matriarches défient les logiques de duplication et deviennent des entités autonomes ; elles créent des intitulés sur mesure comme la Reine de la Soul (Aretha Franklin), la Reine du Hip-Hop Soul (Mary J. Blige), ou la Reine des Abeilles (Lil’ Kim). Whitney Houston est La Voix, tout simplement. Dans le foisonnement du début des années 80, Salt-N-Pepa et Queen Latifah ont parlé au nom des femmes en prenant simplement la parole pour elles-mêmes, et ont engendré une génération de féministes. Sister Rosetta Tharpe a forgé l’histoire spirituelle à chaque cri qu’elle a poussé. En les célébrant comme des leaders, les matriarches deviennent des symboles culturels - non seulement pour leurs démonstrations de force, mais également en s’affirmant comme des transformistes aussi accessibles que vulnérables, dont les innovations esthétiques nourrissent l’ADN de la pop. Leur influence est partout, dans l’air, qu’elle soit silencieuse ou invisible : elle existe partout et tout le temps. » —Clover Hope, auteure de The Motherlode, anthologie de plus de 100 femmes dans le rap qui ont contribué à façonner le genre, disponible le 2 février sur Apple Books.
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