Stephen Sondheim a démontré que la comédie musicale peut s’adapter à toutes les époques. Compositeur et parolier apprécié de ceux qui fuient le mélodrame, et des comédies musicales en général, le natif de New York a conquis Broadway grâce à son esprit révolutionnaire. Son style audacieux marque d’ailleurs des pointures telles que Lin-Manuel Miranda ou Stephin Merritt. Inspiré par les grands noms du répertoire de la chanson américaine, Sondheim recourt à leurs astuces pour remplir les salles alors qu’il n’est encore qu’un jeune amateur de théâtre, dans les années 40. Une décennie plus tard, quand il fait ses débuts, il explore déjà de nouveaux territoires politiques, émotionnels et musicaux. Son écriture parvient à transformer les grands drames de l’époque en divertissements qui font du bien (West Side Story), fusionnant l’argot des rues de la ville avec une romance poétique conçue avec soin. Sa vaste gamme stylistique couvre des spectacles formels ambitieux (Assassins), déchirants (Company), ou résolument farfelus (Le Forum en folie) et présente des mélodies aussi accrocheuses que radicales. Certains de ses standards, à l’instar de « Send In The Clowns », rayonnent au-delà des scènes de Broadway et sont très souvent repris par des stars du rock, du folk ou de la soul. La clé de son succès s’explique par une de ses citations, adressées à Lin-Manuel Miranda, alors qu’il travaillait sur Hamilton : « Variété, variété, variété, Lin ! Ne lâchez rien, même une seconde. Surprenez-nous. » Sondheim s’est éteint en 2021, à l’âge de 91 ans.