En plein essor, la nouvelle vague de rap irlandais incarne tous les sons de l’île, aussi embrasés qu’éclectiques. Ces dernières années, la scène hip-hop de Dublin, qui abrite de nombreux rookies depuis les années 80, a desserré son emprise, permettant l’apparition d’une marée montante de rappeurs de tous horizons. Il en résulte une liste impressionnante d’artistes et d’avant-gardistes, qui ont posé leur marque au sein de leur pays, à travers le Royaume-Uni et même au-delà. Basé à Drogheda, le collectif A92, représenté ici par Offica, s’est imposé comme un des groupes les plus populaires d’Irlande. Il donne la parole à d’importantes communautés d’immigrants et immigrantes avec un son perçant qui fusionne l’argot irlandais et le yoruba. La fierté locale est un thème central pour bon nombre de ces actes. Les messages audacieux et DIY inhérents à l’underground sont désormais connectés à un mouvement novateur et plein d’énergie, appelé drill gaélique, où la langue irlandaise décuple la profondeur des discours de rue. Un flux émergent de MCs vient également ajouter de nouvelles perspectives sur l’identité et le double héritage à la riche histoire narrative de l’île. Dans la capitale, Kevin Smith, alias Kojaque, combine les principales influences hip-hop-jazz dans une série d’albums introspectifs autoproduits, tandis que le cofondateur de Burner Records, Fynch, aborde aussi les préoccupations de la jeunesse avec une prose audacieuse et élastique.