La violoniste espagnole María Dueñas séduit le public par la riche palette de couleurs qu’elle tire de son instrument. Ses prouesses techniques, sa maturité artistique et ses interprétations audacieuses ont suscité des critiques dithyrambiques et captivé les jurys de nombreux concours internationaux. Avec cette playlist, elle met en valeur la diversité du répertoire pour violon à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, en alternant les chefs-d’œuvre connus et des trésors cachés. On peut y entendre des morceaux inclus dans le deuxième album de María Dueñas, Paganini : 24 Caprices, qui « reflètent la fascination de l’époque romantique pour la virtuosité et la profondeur émotionnelle » explique-t-elle. Avec La Rêverie et Caprice de Berlioz, la violoniste souligne l’amitié entre Paganini et Berlioz : « Paganini avait demandé à Berlioz d’écrire une pièce pour l’alto Stradivarius qu’il venait d’acquérir. Berlioz composa Harold en Italie, mais Paganini, déçu, avait refusé de l’interpréter. Lorsque Paganini assista à la première, il fut très ému et s’agenouilla devant Berlioz en signe d’admiration. ». À propos d’Introduction et Rondo Capriccioso de Saint-Saëns, la jeune violoniste — née à Grenade en 2002 — rappelle que l’œuvre a été écrite pour Pablo de Sarasate, « l’un des plus grands violonistes espagnols. C’était logique qu’elle fasse partie de mes choix ». On entend aussi le Concerto pour violon, opus 28, de Johan Halvorsen, un chef-d’œuvre redécouvert en 2015 qu’elle a interprété avec Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre métropolitain de Montréal pour le film Measures for a Funeral. « Il occupe une place particulière dans mon cœur », explique-t-elle, ainsi que le Concert pour violon, piano et quatuor à cordes d’Ernest Chausson qui « mêle les éléments d’un concerto pour violon à de la musique de chambre, ce qui est inhabituel ».