歌詞
"D'elle à lui" par Yvette Guilbert
Tu m'écris, Léon, qu'i' faut que je t'oublie
Parce que dans quelques jours, tu vas te marier
Ce qu'tu m'demandes là, mais c'est de la folie
Car y a des amours qu'on ne peut oublier
J' te l'ai toujours dit, "tu fus l'premier homme"
Qui m'ait, chaste et pure, tenue entre ses bras
Ça t'fait ricaner, ricane, mon bonhomme
Tout d'même, c'est une chose, qu'une femme n'oublie pas
Ah, oui, qu'j'étais pure, c'était ridicule
Des choses de l'amour, j'savais rien de rien
À ce point qu'toi, qu'est pas pourtant un hercule
Tout ce que tu f'sais, j'trouvais ça très bien
T'aurais pourtant pas fait comme ce colosse
Des choses épatantes entre tes deux repas
Ah, vois-tu, mon pauvre vieux? Non, je ne suis pas rosse
Mais quoi, y a des choses, qu'une femme n'oublie pas
En ce temps- là, t'étais bâti comme un prince
Tu gagnais quelque chose comme cent francs par mois
Quand on a l'ventre creux, on a la taille mince
J'aime pas les gros hommes, ah, c'était mon choix
Je menais une vie sobre, tout autant qu'rangée
Tu te souviens plus d'ça, hum, à présent qu't'es gras
Ce que j'en ai bouffé, d'la vache enragée
Et ça c'est une chose, qu'une femme n'oublie pas
Ça n't'empêchait pas d'faire des petites bombances
Et d'chercher ailleurs, un autre bien que l'tien
Ah, tu m'en as fait voir de toutes les nuances
Tu prétendais même, que l'jaune m'allait bien
Et quand j'pense que moi, moi, j't'ai été fidèle
Dans la vie d'une femme, ça compte
En tout cas, le fait est assez rare pour qu'on s'le rappelle
Et c'est une bêtise qu'une femme n'oublie pas
Et l'jour où j' t'ai dit, "j'crois qu'j'vais être mère"
Ah, un petit enfant d'toi, c'était fabuleux
Tiens, je l'ai là encore, ta voix dans l'oreille
Pas d'petit salé, on est assez d'deux
Ah, tu t'fichais bien, d'ma vie, d'ma souffrance
Ça prouve, mon pauvre vieux, qu'si t'es mufle et lâche
C'est pas d'aujourd'hui, qu'j'en fais l'expérience
Mais il y a des choses, qu'une femme n'oublie pas
Si j'remue tout ça, oh, c'est que j'ai tant d'peine
J'croyais qu'on vivrait toujours, tous les deux
Mais non, j'irai pas chez toi, t'faire des scènes
Tu veux t'en aller, va-t'en, sois heureux
Mais t'oublier, non, j't'avoue ma faiblesse
Songeant au passé, je pleurerai tout bas
Car c'temps-là, vois-tu, c'est toute ma jeunesse
Et ça, c'est une chose, qu'une femme n'oublie pas
Written by: Paul Marinier