Je suis une bête

J’allais par les chemins dans une enfance exquise,

J’étais au monde alors comme aux branches une brise,

Et je ne savais rien de ce qu’il faut savoir

Et ce que j’ignorais j’en faisais des histoires

Je semais à tout vent et j’allais répétant

Je suis une bête

Si sympathique Si fantastique

Si Empathique Si prolifique

Si tendre et plastique

Je suis une bête

Si passionnante, si débordante

Si frissonnante, si désarmante,

Si vibrionnante

Puis par trop de matins ce furent d’autres jours

J’eus des phrases sans nombre et d’étranges amours

Des bouches qui parlaient je sentais les odeurs

Aux mains qui se tendaient je mettais mes couleurs

Et l’air était trop chaud, et j’y jetais ces mots

Je suis une bête

Si ténébreuse, si tubéreuse

Si membraneuse, si fabuleuse

Si méticuleuse

Je suis une bête

Si dissonante, si tremblotante

Si déroutante, si térébrante

Si calme et si lente

Maintenant je me lie aux cordes qui démangent

Sous mes pas étourdis les pavés se dérangent

Maintenant je me trouve et ma cervelle nue

Sent s’étaler dehors une année inconnue

Et l’air est trop fugace et je cherche ma trace

Je suis une bête

Si fallacieuse, si Filandreuse

Si mystérieuse, si malicieuse

Si artificieuse

Je suis une bête

Si indolente, si titubante,

Si féculente, si mal-sachante

Sombrement sachante