C'est moi, moi
Le nègre blanc
Sous ces latitudes, c'est le primo-revenant
Qui parlent de noiritude dans un swahili sans accent, ressortissant
Qui prononce le B muet sous plafond de verre embué
Au pied du mur, au bas de l'échelle, mirage de la nation arc-en-ciel
On ne nait pas noir, on le devient, transfuge de race Afropéen
Génération des traits tirets
Pour Belgo-congolais, franco-sénégalais
Je suis mon enfance comme de mon pays
Lieu de résidence, mère apatride, enfant de la république
Fils de colonie, cultures d'emprunt qui te renie
C'est moi, moi
Le nègre blanc
À la bourse des valeurs occidentales
Le bois d'ébène a encore chuté
Si au moins le nègre éjaculait du pétrole
De l'or noir, triste, le sperme du noir est blanc
(Le nègre blanc)
(Le nègre blanc)
(Ouh-ouh-ouh)
(Ouh-ouh-ouh)
On m'appelle nègre blanc
Par pour ma couleur mais pour mon rang
Réflexe d'évolué, de Belgican dès que je parle avec ma voix de blanc
Bantu prononce pas les R, langue étrangère
Parle petit nègre, le blanc est universel
Altérité confidentielle, la présentatrice du JT
C'est l'arabe qui cache la forêt
On dit puis aussi, pour être poli
Jeu du tokenisme sert d'alibi, ils ont beaux dos
Binationaux, pas de risque d'quiproco
Faute avouée, faute pardonnée, c'est l'excuse pour les alliés
S'admettre privilégié, façon d'évacuer son rapport au dominé
Je les entends parler, guillemets avec les doigts
C'est quoi la blanchité? Un passe-droit
De la main tendue au bras tendu, déboulonnage de statues
Du-per du mythe du melting-pot, grand déménagement sous escorte
C'est moi (oh-oh-oh)
Le nègre blanc (oh-oh-oh)
(Oh-oh-oh)
C'est moi (oh-oh-oh)
Le nègre blanc (oh-oh-oh)
Il est temps d'élargir le champ du possible
Pour ma minorité visible, mais encore inaudible
De la négritude à la négation de soi
Assimilé ou assumé, est-ce une fin en sois?
C'est moi
C'est moi
C'est moi
Le nègre Blanc
