Boulevard des allongés

Ça sert à rien d'être intelligent dans un monde bourré de débiles

À la fin ils te tirent quand même dessus

On, on, on, on aurait pu être frères, s'entendre sur une affaire

Mais au final on va sortir le fer, se faire, à croire que c'est tout c'qu'on sait faire

La rue c'est un hebs à ciel ouvert et crois-moi, les peines sont sévères

A-alors j'me ressers un verre et ça m'inspire ces quelques vers

Parfois j'me déplace armé, y a mes semblables qui veulent ma peau

Qu'en veulent à mon magot et ma go et qu'j'reste avec eux dans l'même bateau

Viens pas me parler d'reufs

Parce que je connais plus de mecs de tess tués par des mecs de tess que d'mecs de tess tués par des keufs

Depuis l'temps, j'ai jamais compris pourquoi les miens s'détestent autant

Chez nous, pas d'ONU, pas d'OTAN, pour un regard de travers on s'té-plan, j'en demande pas autant

J'raconte des histoires d'aujourd'hui et des histoires d'antan

Des mares de sang pour des be-bar de « c'est où », histoires de « quand »

J'ai toujours faim même quand j'ai déjà mangé, j'ai dégun impliqué, j'ai des gars rangés

Des potes en cavale à Marbe' à Tanger, j'repasse à l'avenue, tout l'quartier a changé

Y a des guerres de baisé qui s'sont arrangées, des équipes qu'ont payé, qu'ont flairé l'danger

Des anciens qui tenaient des murs qu'j'les vois longer, d'autres qu'ont fini boulevard des allongés

On aurait pu être frères, on aurait pu être frères

Boulevard des, boulevard des, boulevard des, boulevard des allongés

On aurait pu être frères, on aurait pu être frères

Boulevard des, boulevard des, boulevard des, boulevard des allongés

D'où l'on vient c'est pas si rare de connaître quelqu'un coupable d'homicide

L'esprit plein de biais cognitif, la drogue t'empêche d'être lucide

Et chaque jour on côtoie la mort, imprimée en nous comme situation banale

J'repense aux coups portés qu'auraient pu être fatals pour des trucs où y avait même pas d'tales

Rebeus, renois s'entretuent pendant qu'asiatiques et juifs se soudent

Œuvrent pour le bien d'leur commu' avec l'idéologie et d'l'huile de coude

Égo, orgueil, testostérone, schlass dans l'foie ou balle au sternum

C'est la férocité qui fait l'homme, nique sa mère si l'imam nous sermonne

Frérot, j'ai perdu des proches, j'connais des mecs qui ont fini schlagués

Qui sont tombés tellement bas qu'on attend même plus d'eux qu'ils décrochent

Et toi, t'es persuadé d'avoir le poids de ta cité sur les épaules dans chaque patate que tu décoches

Tu crois qu't'es l'héros d'une époque, une caille-ra c'est comme une voiture, ça décote

Et tu vas louper le coche, et tu vas louper le coche

Co-comme tous les fistons de la grande dame de béton, on n'est même pas ses gosses, on est ses étrons

C'qui nous sépare, c'est l'canon d'un pe-pom et on va s'allumer parce qu'on est cons

L'un de nous deux va ber-tom, la vie reprendra son cours, l'eau coulera sous les ponts

Et tu vas juste louper le coche, tu vas juste louper le coche

Co-comme tous les fistons de la grande dame de béton, on n'est même pas ses gosses, on est ses étrons

C'qui nous sépare, c'est l'canon d'un pe-pom et on va s'allumer parce qu'on est cons

L'un de nous deux va ber-tom, la vie reprendra son cours, l'eau coulera sous les ponts

RIP à ceux qui ont terminé boulevard des allongés

RIP à ceux qui ont terminé boulevard des allongés