Les lèvres et la torture

Quand rien ne sert plus de courir. Qu'il faut partir un point c'est tout. Que minuscule est l'avenir. Peut-être l'affaire d'un souffle. Alors enfoncé dans ton lit.

Tout ce qu’il te reste de vie.

Dans ta petite main meurtrie. Qu'enserrent de ceux que tu chéries.

Quand rien ne sert plus de courir, Quand rien ne sert plus d'espérer. Quand rien ne sert plus de courir, Quand rien ne sert plus de regretter.

Quand rien ne sert plus d'espérer. Mieux qu'un départ anticipé. Pour en finir, en terminer.

De cette souffrance insensée. Alors dépassant de tes draps. Suppliant la fin du combat.

Une main tendue posée là. Qu'enserrent ceux qui restent avec toi.

Il faut les voir dans la pénombre. De ton dernier cachot, assis.

A ton chevet, celui de l'ombre. De l'homme que tu étais jadis.

Quand rien ne sert de regretter. Mais que tu regrettes quand même. Non pas les erreurs du passé.

Mais d'infliger à ceux qui t'aiment. D'avoir à tant et tant pleurer.

A laver ton corps décharné.

Et ta petite main blessée. Qu'enserrent ceux que tu vas laisser.

Quand rien ne sert plus de courir. Qu'il faut partir un point c'est tout. Que minuscule est l'avenir. Peut-être l'affaire d'un souffle.

Du bout des lèvres, tu leur murmures. Que tout va très bien se passer.

Alors prend fin cette torture.

Cancer, sans la moindre pitié.