Paroles

Allô? C'est lui-même, ouais, oui, j'veux bien, ouais, j'ai l'temps Oh, vous savez, moi, j'suis à la retraite depuis 20 ans donc, euh Euh oui, oui, je regarde la télé l'après midi J'allais dire, c'est d'mon âge, hein, j'regarde les séries pourries Avec les pubs pour les fauteuils électriques qui permettent de monter à l'étage Voilà Trois heures par jour à peu près, mais je sais pas, je compte pas hein, non plus Il m'arrive de rester longtemps dehors, surtout l'été J'profite mieux qu'à la fenêtre À l'affût d'un événement qui m'sorte d'un quotidien pas trop dégueu du reste Moi, j'ai pas peur là, comme vous, les jeunes De tomber, de m'planter, de l'avenir et du reste J'ai fait c'qu'il fallait quand il fallait Et c'qu'il manquait, je l'ai digéré depuis des lustres, alors Sans ceinture de sécurité, sans casque, sans soucis d'la biodiversité On a su tenir On avait d'autres problèmes, et pas moins gros d'ailleurs Mais j'ai l'souvenir que quand même, 'fin bon C'qui est sûr, c'est que là, entre vous et moi, le plus près d'la fin, c'est pas le moins serein Et vous avouerez qu'c'est bizarre Ok, j'ai plus rien à prouver Mais c'est pas la perte d'un emploi qui m'attend au bout du couloir là C'est la Mort, connard, et j'te l'dis franchement, j'l'attends J'en ai moins peur depuis quelque temps parce que si jamais "au-delà" il y a Y aura plus de potes là-bas que dans mon appartement Ça va, la vie, j'l'aime bien quand même, hein J'irai pas m'foutre en l'air volontairement J'apprécie pas grand-chose mais c'est devenu beaucoup Parce que des pas grands choses, dans la vie, y'en a plus que des gros coups Un café, un peu d'soleil, sérieux, c'est juste ça J'm'émerveille, sobrement, mais j'm'émerveille Voilà, j'ai gagné cette série T avec des épreuves, mon petit, t'as pas idée Si j'te les raconte, j'te donne pas trois minutes pour décrocher Et raccrocher Pourtant, j'suis pas de l'époque des grandes guerres Moi, c'est les Trente Glorieuses et le plein emploi Mais j'te garantis qu'on avait d'quoi s'faire de la bile Alors, écoute un peu l'vieillard et lâche un peu la bride J'suis pas d'l'époque des grandes guerres, moi C'est les Trente Glorieuses et puis le plein emploi Mais j'te garantis qu'on avait d'quoi s'faire de la bile Alors, écoute un peu l'vieillard et lâche un peu la bride L'Occident décline, la croissance recule? C'est vrai Mais, sans croissance, pas d'perspectives Sans perspectives, des jeunes comme vous, désœuvrés Maintenant, peut-être qu'on a arrêté d'croître parce qu'on est déjà très haut Et il serait temps d'inventer, je sais pas moi, des trucs nouveaux Le monde de demain, tiens Parce qu'on va pas sans cesse compter sur l'fait de grossir, c'est pas la peine Il est mort dans l'œuf, le rêve qu'on finisse tous par atteindre la classe moyenne américaine Mais tant pis, vous, au lieu de dire "Venez, on invente", vous dites "Venez, on reproduit" J'ai rarement vu moins rebelle que votre génération d'abrutis D'individus individualistes, vaguement divisés sur des sujets futiles et vains Mais unis comme jamais dans la peur du lendemain C'qu'il vous faut? J'vais t'le dire c'qu'il vous faut, pépère, c'qu'il vous faut C'est une bonne guerre
Writer(s): Clement Simounet, Benjamin Mazuet Lyrics powered by www.musixmatch.com
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