Le blues de Port-Cartier

J'entends le train qui s'en vient

Pas loin dans un tournant

Pis j'ai pas vu le soleil

Depuis je sais pas quand

Chu pogné à Port-Cartier

Le temps fait juste être long

Mais l'train continue d'rouler

Y monte jusqu'à Fermont

Quand j'étais rien qu'un bébé

Ma mère m'a dit : "Mon gars,

Sois toujours un bon garçon

Les fusils, touche pas à ça"

Mais j'ai tué un homme à Rouyn

Juste pour le voir crever

Quand j'entends le sifflet chuinter

J'baisse la tête pour pleurer

J'te gage qu'y'a des riches qui mangent

Dans un wagon en or

Ils boivent sûr'ment du café

En fumant des cigares

Je sais qu'j'ai couru après

Ma vie entre quatre murs

Les riches poursuivent leur trajet

Pis c'est ça ma torture

Ouais, si on m'sortait d'icitte

Si le train était le mien

J'm'arrangerais pour prendre la fuite

Quelque part plus loin que loin

Loin d'la prison d'Port-Cartier

Pour jamais y r'tourner

J'laisserais le sifflet d'malheur

Souffler mes blues ailleurs