Quand la ville dort encore

5h22, dimanche 27 mai La soirée ne s'est pas finie comme prévue et j'suis encore debout Pas vraiment fatigué mais plutôt surpris par le calme Le calme de cette nature qui s'offre à moi Elle ne va pas tarder à s'éveiller Doucement, devant mes yeux Je respire enfin Quand la ville dort encore, le ciel rosé fleurit peu à peu Il s'ouvre et permet à mes simples songes de respirer J'contemple alors le goudron qu'on a avalé depuis le départ Avant de me reconcentrer sur le tracé qui s'offre à nous L'incandescence de nos souvenirs Qui réaparaissent là, à 5h22 dans ma tête Ceux-là que je n'avais plus vu depuis tant d'années Tant de moments parcourus durant ce périple Cette route m'inspire, le bruit du moteur qui rumine aussi Finalement, c'est parfois simple de se sentir libre Léger, débarassé de nos fardeaux qu'on porte en permanence Et qu'on n'a pas fini de traîner Alors là, ça fait du bien, je dois l'avouer Expirer l'air qu'on a accumulé pendant l'apnée Qui s'est entassé dans les entrailles de mes réflexions Tout est pratiquement encore éteint à cette heure-ci Je croise quelques lueurs de pleins phares qui m'éblouissent Mais bon, rien ne peut me déstabiliser, je me sens protégé J'ai l'impression que tout ce que je croise m'appartient Et c'est d'ailleurs étrange comme sensation Comme si la terre m'appartenait Comme si le ciel était mon toit Et que les cloisons ne laissaient pas grand chose s'échapper Moi, je suis là, juste là Pour une fois, je me sens important, à ma place J'ai l'impression que c'est un moment de grâce que je vis Que nous comprenons avec ces millions de choses que je croise On est riche Riche de nos échanges, du respect que nous avons l'un pour l'autre De cette étrange osmose qui se forme entre nos deux corps On est entrain de s'avouer plein de choses qu'on n'osait pas forcément se dire On prend conscience qu'on n'est pas si différents et ça nous excite Alors, on ne s'arrête pas là non, on continue À se lancer des regards, à se désirer comme un jeune couple Si seulement tu ressentais ça, c'est tellement profond Si bien que je n'ai pas envie d'arriver Mais je sais que je ne suis plus très loin When the city sleeps When the city sleeps When the city sleeps When the city sleeps Je viens d'arriver, la ville dort encore, je marche seul dans la nuit Je sens le craquement des feuilles sous mes pieds, on est en automne La pluie me le fait dire aussi C'est vrai, mais je continue, je trace la route comme on s'était dit J'entends ce bruit que fait le lampadaire qui chauffe et qui éclaire mon ombre C'est la seule lueur de lumière qui jaillit de ce silence impénétrable Je sens la brise du vent qui se frotte à ma veste Qui me réchauffe à peine pour être honnête, mais je n'ai pas vraiment froid Les premiers courageux marchent la tête baissée, en surveillant leur chien qui les suit Le soleil prend le temps de s'imposer doucement comme la ville qui s'éveille Je suis heureux d'être là, d'habitude je suis encore dans un profond sommeil Ça me fait bizarre mais ça m'inspire J'ai l'impression de vivre un moment complètement privilégié, j'en suis honoré Comme si le ciel m'avait accordé la chance d'être maître de ma journée Qui commence d'une manière si raffinée Alors, alors je me laisse aller, je découvre, je me nourris, je me laisse voyager Je marche, je ne fuis pas non, je me laisse plus ou moins porter Cette phase cachée de la routine est tout de même très inspirante Alors je me dis que je referai sûrement cette expérience Là, le soleil commençait à bien marquer son territoire pour le coup Le trafic reprenait, j'entendais quelques sirènes au loin Les odeurs désagréables de la route reprenaient le dessus sur la pureté qu'avait était ce silence Alors je me suis dit que, il était l'heure de rentrer pour écrire quelques lignes de ce moment si élégant Quand la ville dormait encore Il s'est passé beaucoup de choses finalement Quand la ville dormait encore Quand la ville dormait encore When the city sleeps When the city sleeps When the city sleeps When the city sleeps When the city sleeps