La Force Quotidienne Du Mal

La force quotidienne du mal Comme ta seule certitude Quelqu'un seul à cette heure même Quelqu'un seul à cette heure même où tu parles N'en revient pas et hurle Qui ne dort plus chez lui Qu'on ne puisse venir le chercher Qui de peur de la honte Quand ils briseront sa porte S'endort déjà tout habillé La force quotidienne du mal Comme la seule certitude Quelqu'un seul à cette heure même Signe sa propre mort De sa propre signature Qui offre la mort De son meilleur ami Qui s'accroche encore Pour tenir encore Cette nuit La force quotidienne du mal Comme seule certitude Surpris encore qu'on te parle Ta voix Ton visage Tu ne les reconnais plus La confiance dans le monde a volé Ta femme, tes enfants, ta maison Celui que tu appelles toi-même en toi-même Les livres, la poésie, la pensée Tout a été volé Quand tu le racontreras Tu ne le croiras pas toi-même Que cela te soit vraiment arrivé Les coups pleuvent sur sa tête Et tout ce qu'il aura bien pu s'imaginer Du bien, de l'homme et de la fraternité N'empêche pas les coups Un par un De tomber De tomber La force des hommes ignorant la lecture La force des hommes ignorant le doute La force des hommes pratiquant la torture La force des hommes supportant le foot La force quotidienne du mal Comme seule certitude Tantôt sur lui tantôt sur ton frère Tantôt sur l'Irak et tantôt la Serbie Tantôt sur l'Iran Sur les écrivains, sur les juifs Tantôt sur les paysans Sur les gentils, sur les doux Sur les coupables et sur les innocents Sur ceux qui n'ont rien à foutre là Indifféremment Sur les homosexuels et sur les gitans La force quotidienne du mal Comme ta seule certitude À cette heure même où tu parles Un homme lui n'en revient pas et hurle Et hurle Et hurle