Autobiographie pirate

Je suis née un 3 mai à 2h45

Beau début de journée de printemps 69

Je suis au pied du Lion, entre Vosges et Chartreuse

Mon père est le plus grand des guerriers transalpins

Il soulève des montagnes en allant chez Peugeot

Ma mère, prêtresse pirate sur l'île de Bornéo,

Ensorcelle les âmes des micro-computers

Mon frère est pharaon - ma sœur souveraine vaudou

On a tout traversé, jusqu'aux rives de Java

Dans mon prénom, il y a un passage

Lave-toi les dents avec ton âme

Ton sourire sera éclatant

Ou il sera tout macadam

Lave-toi les dents avec ton âme

Nous ne sommes jamais prêts pour ce genre d'aventure

Je suis de celles qui doutent à en raser les murs

Mao et Poulidor sur leur vélocipède

M'ont fait signe de la main « On n'est pas des soviets »

Le régional de l'étape s'appelle Hubert-Félix

Rimbaud est franc comtois - ça rime avec Hendrix

Entre campagne et bitume on se croyait poètes

Sur nos 103 SP, 403 d'opérette

Et les arbres se frôlaient au bord de nos amplis

Lave-toi les dents avec ton âme

Ton sourire sera éclatant

Ou il sera pourri dedans

Ça dépend du ton décadent

J'ai perdu mes 20 ans dans un éternuement

Les nuits bien à l'envers, les matins-aspegic

Notre révolution n'était pas une fête foraine

Et nos courants d'air, pas des courants de pensée

On se sentait énorme. Je l'étais – sens propre

Dans mon garage tango on charmait le désordre

J'ai erré à grands pas sur des feuilles de papier

Accordé ma guitare aux larsens des mots

Et le temps me creuse, façon césure et sulfateuse

Lave-toi les dents avec ton âme

Ton sourire sera éclatant

Ou il sera tout macadam

Lave-toi les dents, pas d'amalgame

On a terminé les hivers, invité des enfants

On s'est couverts de perles, de babioles et d'amants

Toujours debout sur nos transatlantiques

Toujours vers l'horizon, on adapte nos optiques

Comme un Capitaine narcoleptique

J'ai mis mon âme dans les vagues

J'ai pris la baleine de 22h43

Et je suis repartie pour 50 années encore