Ne me touchez plus

Ne me touchez plus, laissez mon corps tranquille

Arrêtez de me prendre pour une imbécile

Arrêtez le massacre, laissez-moi décider

Mon corps n’est pas à vous, apprenez le respect

Votre blouse d’hôpital et vos gants en latex

Ne vous donnent pas le droit de fouiller dans mon sexe

De fourrager en moi comme si j’étais pas là

De savoir mieux que moi ce qui est bon pour moi

Vous dites qu’allaiter, c’est mieux pour le bébé

Vous dites qu’endormie c’est moins bien pour pousser

Ou bien tout le contraire, qu’il faut vous laisser faire

Et puis que j’obtempère, sur le dos, pattes en l’air

Comme si je ne pouvais pas décider qui me touche

Vous découpez mon ventre seulement pour que j’accouche

Pendant vos heures ouvrables, au moment qui vous va

Et vous me charcutez comme si je n’existais pas

Vous dites qu’un implant ça protège d’un oubli

Qu’à mon âge c’est trop tard, ou trop tôt pour la vie

Qu’il vaut mieux que je le garde ou bien que je le laisse

Qu’il est temps que j’apprenne à contrôler mes fesses

Vous dites « ça fait pas mal », que je dois supporter

Ce que toutes les femmes ont toujours supporté

Qu’il me faut du courage plutôt que de la rage

Que c’est ma condition, j’apprendrai avec l’âge

Mettez-vous à ma place, pensez à votre mère

Qui avant moi a dû souffrir et puis se taire

Pensez à votre fille, votre femme, votre sœur

Imaginez que mes entrailles, ce sont les leurs

Non ne nous touchez plus, laissez nos corps tranquilles

Arrêtez de nous prendre pour des imbéciles

Arrêtez le massacre, laissez-nous décider

Nos corps nous appartiennent, apprenez le respect

Non ne nous touchez plus, apprenez le respect

Nos corps nous appartiennent, arrêtez le massacre

Non ne nous touchez plus

Non ne nous touchez plus