La nuit et la nuance

J'ai écumé les mers, enserré les méridiens, écumé

Tout se cachait à la vue, s'effaçait derrière des volutes de fumée

Rien ne voulait dire son nom, rien ne voulait révéler son secret

A un oiseau comme moi, à un oiseau sur ses pieds, déplumé

Sans aile, sans aile

Pourtant zélé, je l'étais, j'ai marché sur le monde d'un pas décidé

Aux crêtes des vagues arrimé, l'écume me passait toujours à côté

Puis cette voix au timbre flou, venue de je ne sais où, du large

Qui dit qu'la nuit en sait long, que la nuance longe la page

Et l'aile, et l'aile

La nuit et la nuance font d'un tas de cailloux un jardin d'étoiles

La nuit et la nuance font du vide entre nous une maison à voiles

La nuit et la nuance changent l'eau qui ravine en verre soufflé

La nuit et la nuance font du songe des oiseaux une grotte aux reflets

J'ai écumé les mers, enserré les méridiens, écumé

Ce que l'écume sait faire, c'est revenir en arrière, caresser

Retomber comme chevelure, sur les rochers bien trop sûrs de la briser

Se lover à la lagune sans avoir à déclarer aucune

Séquelle

Elle sait

Voler