Le ménage

- En tout cas, sachez bien que si ces oiseaux continuent leur rafut je ne réponds plus de moi

- Le ménage n'est pas fait

- Ils se croient tout permis ici

- C'est quand même formidable

- Et si j'allais en faire autant chez eux ?

- Vous êtes là comme des mottes de terre

- Je vais aller, moi, chanter toute la journée sous leurs nids

- Et les invités ?

- Je vais aller jouer avec leurs petits

- Les chats, ils s'en font pas, bien sûr

- Oh là là, le scandale

- Faut encore que je me tape tout ca

- C'est comme la menthe

- Avec ma sciatique et ma sinusite

- On ne sent qu'elle, ici

- Et la bouffe, et la vaisselle

- Je trouve que quand même, il y a de l'abus

- C'est quand même pas difficile

- On n'est plus chez soi

- La dernière fois, c'était pareil

- J'aime bien les plantes, mais il y a une limite

- D'ailleurs, Annette avait remarqué

- Et cette rose qui se permet de pousser en plein milieu de la cour

- Elle est discrète, mais faut pas pousser

- Mais je vous en prie, ne vous gênez pas

- Même pas un petit baiser

- Elle est mignonne, d'accord, mais elle compte un peu trop là-dessus

- Et les chats, il n'y en a pas un qui se dérangerait pour dire bonjour ?

- Et pendant ce temps-là, c'est moi qui me tape la vaisselle et la lessive

- Faut encore que j'y aille

- Et j'ai jamais une minute à moi

- Avec 100 bornes dans les reins et les courses chez Codec

- Je ne peux même pas prendre un bain tranquille. Je ne peux même pas regarder un film

- Et la bonne femme qui croit toujours que je sors de l'asile à cause d'une plaisanterie stupide

- Pierrette, au moins, elle me laisse tranquille

- Oh, c'est marrant

- J'aime beaucoup Pierrette

- Oh, j'aime ça

- C'est une femme bien

- N'empêche que j'aimerais bien voir la gueule que vous feriez

- Elle ne veut pas que je sois autrement que je suis et ça ne l'empêche pas de m'aider à changer puisque c'est ce que je veux

- C'est encore moi qui devrais assurer le tout-bib en pleine nuit et les petits-déjeuners à 6 heures du soir

- Je ne sais pas comment elle fait, Pierrette

- Je connais par coeur

- Elle n'a aucune vanité et elle n'en est pas plus fière pour ça

- Et vous vous êtes encore trompée dans les gouttes

- Mais elle passe quand même pour une conne comme tout le monde

- C'est pas 15 qu'il m'en faut de ce truc-là, c'est 25

- D'ailleurs, où elle est ?

- Vous n'en avez rien à foutre ?

- Vous l'avez encore envoyée chez Codec ?

- C'est comme la fois où mon père est venu dîner

- Vous savez pourtant comment ça finit, non ?

- Vous l'aviez tellement saoulé qu'il ne pouvait plus descendre l'escalier

- On la retrouve au bistrot, complètement perdue, en train de téléphoner à sa sœur

- Quand je suis arrivé, il pleurait sur les marches

- Sa sœur, enfin, j'aime mieux rien dire, mais c'est pas sérieux

- J'avais pas pu garer la voiture

- D'ailleurs, si jamais elle remet les pieds ici, je m'en vais

- Parce que vous aviez sorti votre putain de matelas devant la porte

- Je retourne au Grand-Duché d'Luxembourg

- J'ai dû aller coucher au Wilton avec lui

- Là, tu es tranquille

- 35 la chambre à mon âge

- Trois rues, des banques, des hôtels, des strip-tease, pas d'histoire

- Et tous ces rockeurs qui se faisaient monter du champagne à 3h du matin

- Tu as une petite mansarde, un resto avec des salades composées, tu as la gare à côté, c'est clair

- Vous voulez ma peau ou quoi ?

- Et puis la forêt, elle n'est pas loin, et une forêt pas mal du tout

- Et le lendemain, l'appendicite de Gérard ? comme par hasard

- Moi, j'avais un buisson là-dedans, Oh là là, ce buisson

- 200 sacs d'hostos plus 3 contredanses

- Vous pouvez pas savoir. D'ailleurs, vous vous en foutez. Je vous parle, vous n'écoutez même pas

- Pour une fois que mon père venait dîner

- Vous voudriez que je dise exactement ce que vous vous dites, et c'est tout

- Et vous savez très bien ce que ça représentait pour lui

- Vous voudriez que tout disparaisse, sauf vous

- Après ça, j'avais plus qu'à signer chez Mazda et fermer ma gueule

- Et d'ailleurs, c'est en train. Vous êtes les plus forts puisque vous êtes les plus tenaces et les plus sûrs de vous

- J'ai failli me faire violer par toutes ces hystériques

- Vous n'en avez pas assez ?

- Parce que vous n'y connaissez rien à la classe ouvrière

- Vous ne voyez pas que c'est la faillite ?

- Vous me faites marrer avec vos salades de curé

- Vous ne voyez pas que vous vous retrouvez tout seul avec des cadavres ?

- Oui, je sais qu'ils arrivent

- C'est ça que vous voulez ?

- C'est pas une raison pour éluder la question

- Je vous préviens, si ça continue, je vais me défendre

- On va aller au restaurant, Jacqueline fera un chèque

- Ça ne serait peut-être pas un progrès pour la science, mais au moins j'aurai des chances de rester en vie

- Ça n'a aucune importance. N'oubliez pas d'éteindre sous les confitures et de prendre les cachets. Et puis, écoutez, tout va bien