Je t'ai toujours aimé

Tu étais tout petit et déjà si joli

J’aimais bien ta peau douce, ses petites taches rousses

Et tes gestes gracieux, la candeur de tes jeux

La légèreté d’un ange ; un ange qui dérange

Et plus tu grandissais, plus je te protégeais

Jouer au petit garçon, taper dans un ballon

Faire comme si j’étais ça mais ça ne marchait pas

Ils se moquaient de toi, ils se moquaient de moi

Je t’ai toujours aimé

Je n’ai jamais pensé

Que tu t’étais trompé

Que je m’étais trompée

Je t’ai toujours connu

Mais quand ils te voient nu

Ils ne comprennent pas

Toi c’est moi, moi c’est toi

Heureusement j’ai trouvé comment ne pas laisser

Cette garce de nature massacrer tes courbures

Dévaster nos douceurs, nous priver d’être sœurs

J’ai piqué à ma mère de quoi te satisfaire

J’attendais le moment d’avoir enfin le droit

Quand je serais plus grande de pouvoir être moi

Apprendre à t’habiter, déjouer toutes les haines

Devenir une beauté, puissante et souveraine

Je t’ai toujours aimé

Je n’ai jamais pensé

Que tu t’étais trompé

Que je m’étais trompée

J’ai pris grand soin de toi

Que tu ne deviennes pas

Ce qu’on voulait de toi

Et que tu restes moi

Quand la mort a rôdé autour de ta jeunesse

Je nous ai envolés parce que le temps presse

J’ai défié la peur, j’ai fait corps avec toi

J’ai rencontré mes sœurs, j’ai appris le combat

Je t’ai toujours aimé

Mon beau corps libéré

Émouvant singulier

Et je t’aime à jamais

Je t’ai toujours connu

Je t’ai toujours voulu

Envers et contre tout

Toi et moi ça fait nous

Toi et moi ça fait nous