Cinéma pour aveugle

Comme l'impression d'gâcher des rimes, dans c'siècle, j'suis saoulé

Mais j'aurais du mal à faire d'la merde même si j'voulais

J'ai pas la force d'abandonner mon destin aux génies, aux fées

Dans les intestins, j'ai d'la rage quand l'ignorance se porte comme un trophée

Pas invité au festin au milieu de l'arène, de ces grandes colonnes

Où j'ai compris qu'la cause était plus grande que l'homme

Tout pour la prose, l'époque regarde le sang pisser d'ma plume

Vivre, se laisser glisser, montrer les dents qu'on n'a plus

Brûler le temps qu'on n'a plus, j'ai la dalle, mes entrailles font d'la batterie

L'imitation est d'loin la plus sincère des flatteries

À chaque miroir que j'brise, j'tue un adversaire

J'enterre ma vie d'garçon à chaque anniversaire

Veulent tous un Jésus personnel, regardant le monde par un judas

Devant l'écran, la colère monte, on reste à l'abri du drame

Mes rimes sont des crimes, bien et mal coexistent

On est de passage, les mots, la poésie, il nous restera ça

Tch-tch

Je grandis, le monde rétrécit, l'avenir parle en morse

Dans ces villes dépressives, j'amorce le dialogue

C'est précis, tu bouges les cervicales

Pour dire qu'les hommes libres meurent à la verticale

Refaire le match sans la temporelle capsule

La rue, j'ai plus l'temps pour elle, droit vers l'cap Sud

J'avance, mais j'suis figé dans une roue d'hamster

Apprendre à vivre ou apprendre à me taire

Si j'ai le calibre qu'il te faut

Ma prose éternelle revisite le mythe de Faust

J'ai des flammes dans les yeux, me jette pas la poudre

Quand dans les tiens tu vois pas la poutre

Sur l'son, j'ai trouvé le Graal

Si la musique changeait les choses, elle serait illégale

Mes conséquences ont des causes

J'trace ma vie sans pause dans un long plan-séquence

Tch-tch

OK

Charge émotionnelle ou explosive

Sur une page, j'pose ma mine anti-personnelle

Mes ogives non conventionnelles, j'tourne la roue

J'habille mes mots à l'encre noire aux funérailles du Larousse

J'écris mes fresques du mauvais côté du Goncourt

Poète illégitime, un peu Rimbaud, un peu Rocancourt

Ton biz' derrière les lignes Maginot

Ces cruels abris de ces cris libres et marginaux

Et ça allait quand on tournait que sur la tête

Quand on s'bornait à n'être que des bandits, des athlètes

Dans mes rêves les plus fous, c'est pas mon blaze qu'ils cochèrent

Dans l'réel, je reste seul dans mes pompes trop chères

Mon temps ressemble à porte cochère

En guerre contre les lois insalubres

J'revends mes armes à l'armée du Salut

Sang et sueur sans le salaire de James LeBron

Un tas de raisons et c'est jamais les bonnes

Petit message à mes proches

J'vendrai mon art quand les cercueils auront des poches

J'ai mon arme, un stylo coincé entre le pouce et l'index

Et sans percuteur, j'vais t'apprendre comment pousser un texte

Écrit corsaire, le cortex bien équipé

Chez moi, quand la main gauche est coupable, c'est la droite qui paye

Mes barres sont des lingots où bien et mal coexistent

On est d'passage, les mots, la poésie, il nous restera ça