Comme les pigeons d'argile

Ça n'devait pas être ça

On n'devait pas en arriver là

Toi, qui pleures sur mon épaule

C'est comme si s'inversaient les rôles

J'espère que tu comprendras

Mes silences maladroits

Pas facile pour un fils

De trouver les bons mots parfois

Quoi dire à sa mère qui pleure

Qui ne cache même plus sa peur ?

Quand le futur dessine

Des souvenirs flous qui déclinent

La mémoire est si fragile

Vole comme les pigeons d'argile

Efface de nos cœurs

Même les plus belles idylles

J'avoue, j'n'ai jamais vraiment compris

Ta façon de jouer avec la vie

T'as toujours cru que le bonheur avait un prix

Est-ce que c'était un pressentiment ?

Sentais-tu déjà les éléments

Attaquer ta mémoire comme un poison violent ?

Je pense à cette jeune fille

À ses grands yeux bleus qui brillent

Qui rêvait de voyages

D'étoiles et de grands paysages

Aurait-elle fait les mêmes choix

Mené les mêmes combats

Si elle nous avait vu pleurer

En ce moment toi et moi ?

Aurait-elle couru le monde

Joué les âmes vagabondes

De peur de n'pas tout voir

Pour n'pas céder au désespoir

Au lieu de se résigner

Devant les fatalités

Qui se sont imposées

Sans jamais vraiment l'épargner

Je sais c'est trop tard pour les regrets

Les rêves conjugués à l'imparfait

Maintenant qu'le futur

Est plus abstrait que jamais

Ma voix saura-t-elle te rassurer ?

Te sentiras-tu abandonnée ?

Quand de ta mémoire

Mon nom se sera effacé ?

Mais

Je veux que tu saches

Quand tes souvenirs

Se seront tous envolés

Que moi, je serai là

Pour te les raconter